9 octobre 2025

Terres rares : la Chine verrouille ses technologies d’exportation


Pékin durcit sa politique sur les terres rares en imposant un contrôle strict sur l’exportation des technologies d’extraction et de traitement. Une décision stratégique qui risque d’aggraver les tensions commerciales, notamment avec les États-Unis et l’Union européenne, déjà dépendants de l’industrie chinoise

La Chine verrouille sa position dominante sur les terres rares
La Chine a annoncé le 9 octobre un renforcement immédiat de ses contrôles sur l’exportation des technologies liées aux terres rares. Déjà premier producteur mondial, Pékin ajoute une couche réglementaire à un secteur sous haute tension géopolitique. Les nouvelles règles visent les procédés techniques utilisés pour l’extraction, la fusion, la maintenance ou la mise à niveau des lignes de production. Officiellement, il s’agit de prévenir les transferts non autorisés vers des domaines sensibles, comme le militaire. En pratique, la Chine verrouille encore un peu plus un secteur qu’elle domine déjà largement.

Des restrictions qui ciblent aussi les acteurs étrangers
Ces nouvelles mesures ne s’arrêtent pas aux frontières. Pékin impose également des restrictions extraterritoriales : toute entité étrangère souhaitant exporter un produit issu de terres rares ou de technologies chinoises devra obtenir une autorisation. Et si le client est militaire, la demande sera systématiquement refusée. Ce durcissement vise directement les États-Unis, accusés d’utiliser des composants chinois à des fins stratégiques. Mais il concerne aussi l’Europe, dont certaines entreprises peinent déjà à sécuriser leurs approvisionnements.

Une domination industrielle difficile à concurrencer
Avec plus de 40 % des réserves mondiales estimées, la Chine n’a pas seulement un avantage en ressources. Depuis des années, elle investit massivement dans le secteur et détient une large part des brevets sur les procédés de traitement. Ce verrou technologique freine les velléités d’indépendance des pays occidentaux. Faute d’alternatives viables, beaucoup d’industriels étrangers préfèrent encore raffiner leurs minerais en Chine, renforçant une dépendance déjà critique.

Un impact mondial sur les chaînes de production
Les effets se font déjà sentir. Depuis le printemps, les restrictions chinoises ont contraint plusieurs entreprises internationales à ralentir voire suspendre leur production. L’accord évoqué cet été entre Bruxelles et Pékin pour fluidifier les échanges n’a pas suffi. La Chambre de commerce européenne en Chine déplore que l’accès aux terres rares reste limité, malgré les annonces officielles. Sur le terrain, les tensions persistent.

La manœuvre de Pékin est claire : transformer une position dominante en outil de pression stratégique. En verrouillant ses technologies, la Chine rend plus difficile toute tentative d’émancipation occidentale dans un secteur vital. Une logique de puissance assumée, qui place les partenaires commerciaux devant un dilemme : subir ou réorganiser radicalement leurs chaînes d’approvisionnement.

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