8 mai 2024

Briser l’anonymat : la Chine développe une technique pour identifier les expéditeurs de fichiers via AirDrop

La Chine a récemment développé une technique permettant d’identifier les expéditeurs de fichiers via AirDrop, une fonctionnalité d’Apple largement utilisée pour l’échange anonyme de fichiers via Wi-Fi ou Bluetooth. Cette avancée technologique est particulièrement notable car AirDrop était auparavant considéré comme un moyen sûr d’échanger des informations sans révéler l’identité de l’expéditeur, une caractéristique particulièrement appréciée par les dissidents et opposants aux mesures gouvernementales, comme en témoigne son utilisation lors des manifestations à Hong Kong en 2019 et contre les restrictions anti-Covid.

Les autorités chinoises, confrontées à des difficultés pour identifier les auteurs des envois via AirDrop, ont collaboré avec une firme spécialisée en police scientifique pour résoudre ce problème. Ils ont analysé les journaux de l’iPhone, c’est-à-dire les fichiers journaux ou enregistrements d’activité générés par l’appareil, et ont réussi à déchiffrer le numéro de téléphone et l’adresse électronique de l’expéditeur, dissimulés sous forme de valeurs de hachage. Pour ce faire, ils ont utilisé une « table arc-en-ciel » de mots de passe piratés, une méthode de cryptanalyse datant de 2003, leur permettant de décrypter suffisamment d’informations et d’identifier plusieurs suspects​​​​.

Cette découverte représente une importante avancée pour les autorités chinoises, qui y voient une « percée technologique » dans la lutte contre la diffusion de contenus jugés inappropriés ou nuisibles. Toutefois, cette méthode soulève des inquiétudes quant à la vie privée et à la sécurité des utilisateurs d’AirDrop, notamment en Chine et à Hong Kong où la fonctionnalité a été utilisée pour diffuser du contenu critique envers le gouvernement et le Parti communiste. En réponse, Apple avait déjà restreint l’utilisation d’AirDrop en Chine en 2022, limitant l’envoi de fichiers à une fenêtre de dix minutes après une mise à jour d’iOS​​.

Il est important de noter que, bien que les autorités chinoises affirment que leur objectif est d’enquêter sur les cas de transmission de contenus inappropriés et illégaux, il existe des préoccupations quant à l’utilisation potentielle de cette technologie pour surveiller et réprimer les voix dissidentes et critiques du gouvernement. Cette évolution technologique s’inscrit dans un contexte plus large de mesures de surveillance et de contrôle de l’information par le gouvernement chinois, et pose des questions sur l’équilibre entre sécurité et vie privée dans l’utilisation des technologies modernes​​.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *